Rencontre interreligieuse au centre scolaire aux Lazaristes
Lyon. Le 2 novembre dernier, la journée pédagogique proposée aux équipes éducatives des Lazaristes Lyon – La Salle a débuté par une table-ronde réunissant trois figures lyonnaises impliquées dans le dialogue interreligieux : Richard Wertenschlag, grand Rabbin de Lyon, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon et Azzedine Gacci, recteur de la mosquée Othmane de Villeurbanne. Un temps fort qui s’inscrit bien dans le thème “Une rencontre, un déclic”.
Pour Azzedine Gacci, l’échange entre des personnes de religions différentes passe par un travail d’intériorité, c’est ce que l’on appelle le djihad : c’est un combat du cœur et de l’esprit pour combattre ses pulsions, ses tensions, ses démons intérieurs afin de s’ouvrir à l’autre qui est différent de moi, qui ne porte pas la même spiritualité et cela nécessite trois éléments.
Le premier élément est la connaissance de l’autre en profondeur (langue, philosophie,etc.). L’essentiel est de nous entre-connaitre, de tisser des liens d’amitié entre nous. Le second élément est le respect de l’autre pour ce qu’il est, pour ce qu’il croit, pour ce qu’il porte et pour ce qu’il peut m’apporter. Il s’agit de porter un regard positif sur l’autre : être à son écoute, savoir que dans sa différence, il peut m’aider à m’améliorer, il peut m’aider à savoir qui je suis en vérité …. Nous nous enrichissons mutuellement. Enfin, le troisième élément est la mise en pratique au quotidien : au sein de la famille, au travers des enfants, à l’église, à la mosquée….
Le rabbin Richard Wertenschlag s’est appuyé sur la figure du patriarche Abraham qui rassemble les croyants des trois religions monothéistes. C’est un homme de l’hospitalité, c’est lui qui a créé le premier restaurant du cœur pour les touristes de passage qui le remercièrent ! Mais Abraham rappelle qu’il faut remercier celui qui nous a donné la source de vie : le Créateur du monde.
Quand Abraham accueille les trois hommes du désert, il court à leur devant, malgré sa grande souffrance physique. Abraham donnait de sa personne pour aller à la rencontre de tous, même des plus humbles. L’hospitalité c’est donner mais c’est aussi recevoir de l’autre. Nous devons aller nous-mêmes au-devant des autres pour faire le Bien et non pas seulement aider ceux qui nous ressemblent. Il y a trois fondamentaux pour faire le Bien. D’une part, la bonté qui fait faire un geste vers ceux qui sont différents de nous. D’autre part, la crainte de Dieu, c’est-à-dire la possibilité d’être influencé par les fauteurs et qui provoque un repli sur soi. Il y a ainsi une difficile symbiose entre l’ouverture vers l’extérieur et le devoir de cultiver son jardin sans être déformé par ceux qui nous entourent. Enfin, la troisième valeur fondamentale est la quête de la vérité.
Le cardinal Philippe Barbarin s’interroge : “Dans la rencontre avec le Grand Rabbin et avec Azzedine GACCI, qu’est-ce que j’ai reçu ?” Ces échanges lui ont permis d’être toujours plus attentif à l’autre, ce qui a entraîné des transformations intérieures, des déplacements, des interrogations par rapport à ses pratiques (aumône, jeûne, prières, pèlerinage, etc.). Le dialogue implique de partir de cet a priori : “Tu es différent de moi, mais je suis prêt à te connaître, à connaitre tes certitudes pour questionner les miennes et les approfondir.”
Ayons le courage d’aller au-devant. Ayons un sens critique sur la réalité pour éviter les mauvaises interprétations et aller vers la paix commune. Évitons les amalgames. Changeons notre regard. Tournons-le vers l’autre en positif. Parlons de nos expériences pour mieux se respecter et s’enrichir. Donnons du sens dans nos vies, qui peut nous aider à être plus à l’écoute, plus solidaire, à mieux vivre le présent avec espérance.
Anne Aureille, APS sur les sites Saint-Jean et Saint-Barthélemy
Claire Chapel, APS sur les sites Saint-Jean et Saint-Barthélemy