La 6ème Université Lasallienne d’Automne s’est tenue du 20 au 22 octobre dernier dans une de nos cent trente huit œuvres d’éducation, à Saint-Nicolas d’Issy les Moulineaux. Cette session proposée par le Pôle Animation Formation, sous la direction de Daniel Dussaillant, a eu pour thématique « Construire l’homme et dire Dieu est ce encore possible aujourd’hui ? »
Qu’ils soient éducateurs, personnels administratifs, chefs d’établissement ou professeurs, le sujet a rassemblé près de trois cents personnes du réseau venues de toute la France et tous ont phosphoré sur ce thème brillamment développé par quatre intervenants de renom.
Selon le Docteur en théologie Frère André-Pierre Gauthier « Ne parlons du Christ que si l’on nous interroge, mais comportons nous pour que l’on nous interroge ! ». Autrement dit, il est essentiel d’entrer dans un itinéraire simple avec les jeunes qui nous sont confiés. Une école catholique fait réellement sens lorsqu’il est possible d’en faire une école fraternelle. Nous pouvons aisément imaginer le sentiment d’un jeune (catholique, musulman, juif ou athée) rentrant dans une école et se demander « Qu’est ce qui va m’arriver ? » Cette école, lieu d’apprentissage dans laquelle se côtoie x centaines de jeunes n’est pas à la base un lieu fraternel, elle peut construire tout comme déshumaniser ! A nous de bien occuper les espaces de l’école pour humaniser. Une cour de récréation, un couloir, un réfectoire sont autant d’espaces pour rentrer en relation avec le jeune et tisser le fameux lien qui unit. Les éducateurs sont les veilleurs de cette fraternité du vivre ensemble.
Pour le Professeur François Moog l’école catholique contribue à construire une société de justice et de paix (extrait du statut de l’Enseignement Catholique). Tout ce qui constitue à la vie d’un établissement est pastoral. Accueillir, enseigner, encourager, corriger, soutenir, orienter, guider… est « pasto ». Les jeunes sont des enfants de Dieu, le Christ est le fondement du projet éducatif de l’école catholique. Le professeur nous a interrogé non sans une pointe d’humour si « construire l’homme et dire Dieu » n’est finalement pas une glissade de « construire l’homme, c’est dire Dieu »
Le Docteur en philosophie, Stanislas Deprez a volontairement assombri le tableau : « Aujourd’hui, la transmission n’a plus bonne presse… Au nom de quoi la société m’imposerai mes choix de désirer changer de couleur de cheveux ou … de sexe ». Toujours selon le docteur Deprez «l’existence dépend du regard de l’autre » mais quel humain voulons nous construire ? Nous assistons à une Ubérisation de notre société ayant pour goût l’immédiateté et le consumérisme mais, qu’en est il du goût de la durée dans le travail et de l’effort dans la relation ?.
Monseigneur Planet (évêque de Carcassonne) a démontré que pour construire un jeune il faut lui donner des responsabilités afin qu’il puisse rendre service et donc se rendre utile ; s’il est utile il existe socialement et pour longtemps.
Lionel Fauthoux