Vendredi 10 février 2017, 16h48, 28° dans la moiteur de mon bureau… et ma liste de tâches qui s’allonge encore en consultant mes mails. « Pff, je ne sais pas si je vais y aller à cette rencontre inter-fraternité, trop de trucs à faire ce week-end : les courses, un tas de copies à corriger, les lessives, mettre au point ma réunion de coordination de lundi, …. »
Justement, j’en arrive au mail d’Annick nous conviant demain matin à la rencontre inter-fraternités, un mail dynamique et plein de fraîcheur et surtout le thème suivant : « Vivre l’intériorité dans nos communautés éducatives ». Le sujet incite plus au recueillement qu’à partir en courses ou corriger des copies. C’est décidé, je laisse tomber les collègues et les réunions, les gosses, leurs devoirs et le cinéma, les lessives. Demain, je vais me poser dans la fraîcheur du collège Maison Blanche.
La convivialité commence dans le co-voiturage. J’emmène avec moi Vasanta, ma « filleule » de fraternité. Elle n’a pas été très difficile à convaincre après la réunion des entrants à laquelle elle a participé en décembre. 2ème arrêt… on embarque Sophie-Charlotte qui en a profité pour acheter une orchidée (forcément, l’endroit s’y prête). Pendant le trajet, je ne fais pas d’économie de gasoil, non, mais des économies de radio et c’est déjà pas mal !
La table du petit-déjeuner qui nous attend à l’arrivée ne me fait pas regretter mon engagement !
Bruno, notre délégué de tutelle, nous invite rapidement à passer à table… la table où nous allons réfléchir à l’intériorité.
Décrire notre humeur du moment en 3 mots… C’est le moment de réfléchir de moi-même et avec moi-même, de pratiquer l’état des lieux de mon intérieur, pas ma case… non, non, ce serait trop facile de laisser mon esprit vagabonder vers mes lessives et mon ménage. Non, pas ma case, mais ma tête, mon ventre, mon esprit. Cet exercice m’est tellement peu habituel qu’il me demande un effort. C’est tellement plus facile de penser à la grasse matinée que j’aurais pu faire ce matin…
Vivre un moment de silence. 5 minutes, nous dit Bruno. Je mets dans mon cœur les personnes qui me sont chères, mes enfants, mes aïeuls décédés, ceux qui sont encore plein de vie mais loin, les Saints que j’invoque souvent –un vieux reste de mon arrière-grand-mère. C’est bien de respirer, de souffler, de prendre le temps de penser à soi. Apaisée et sereine. 5 minutes nous avait dit Bruno… mon œil. Sa montre, fraîchement arrivée de l’hémisphère nord, ne mesure pas le temps comme les montres de l’hémisphère sud…
Se mettre en équipe et réfléchir. Réfléchir à ce moment de silence et d’intériorité que chacun vient de vivre. S’interroger sur les moments d’intériorité que nous vivons personnellement. Tenter d’établir une relation entre la pratique d’une vie spirituelle individuelle et la pratique éducative au sein de nos établissements. La discussion est animée et riche d’habitudes et de vécu différents. Les lieux, les moments, et ce qu’on en fait… chacun rapporte son expérience.
Après une ultime réflexion en grand groupe, nous sommes invités à nous mettre en prière, à la chapelle. « Dans le plus grand secret, j’écouterai parler le silence de Dieu ».Je profite pleinement de ce moment, consciente de deux bonheurs : celui d’être assise à côté de ma « filleule » et de faire partie de la grande famille des lasalliens. Qu’est-ce que je l’aime ce Jean-Baptiste La Salle ! Il a quand même fait très fort pour que 300 ans après nous soyons encore là. Quelle formidable impulsion il a dû donner au départ…
Noëlle, fraternité du Frère Jérôme, La Réunion