Depuis deux ans nous proposons, au Centre oscar ROMERO – école et Collège -, des manières nouvelles de fêter certains temps forts religieux, en particulier les temps de Carême et d’Avent. Ce sont des parcours balisés que nous proposons à tous : enfants, jeunes, adultes, chrétiens ou de toute autre confession, sans foi revendiquée… où tous peuvent être pleinement acteurs des activités proposées.

Nous avons commencé l’an dernier par un chemin de Carême : « Mon chemin de Carême » : « marelle » de la terre vers le ciel, ascension de nous vers un nous « meilleur » – plus libre… C’est un chemin tout simple, un déplacement pendant lequel chacun est invité, en toute bienveillance, chaque semaine, à travers des activités en classe et hors classe, à porter son attention et ses efforts sur un point précis : sourire, se dire bonjour, s’entraider, tutorer, partager, avoir un regard sur soi, sur soi avec les autres, regarder en face ses difficultés, ses limites, ses « murs », et rechercher ensemble des moyens libérateurs, puis dire – se dire – merci…

Des affichages hebdomadaires, partout dans l’école (classes, bureaux, cantine), nous y invitent constamment. C’est un chemin, qui, en toute modestie, se veut temps un temps d’introspection, de « libération », d’émancipation, pour soi et avec les autres. Ouverte à tous et participative pour tous, une cérémonie de Pâques a ponctué le chemin accompli par des remerciements à chacun ainsi qu’une invitation à poursuivre … (cérémonie avec lectures ; partage de pain ; écriture d’intentions libres de « prières » – de vœux – de merci(s)…).

Suite à la belle réussite du chemin de Carême, nous avons proposé, cette année, pour Noël 2019, un chemin de l’Avent construit un peu sur le même modèle : avec des affichages (au passage, un remerciement spécial au mari d’une de nos AESH (nouvelle désignation des AVS) qui nous a imprimé – gratuitement – toutes les affiches que nous avions confectionnées tant pour le Carême que pour l’Avent !), des productions variées… et qui associait le thème d’année lassalien (Un cœur, un engagement, une vie) à la tradition des quatre bougies de l’Avent. Nous avons réorienté la symbolique des bougies vers celle de la lumière : lumière de l’étoile – des étoiles en l’occurrence – qui nous guident.

Quatre semaines autour de quatre personnages « lumineux » et engagés, pédagogues exemplaires à nos yeux : Jean-Baptiste de La Salle ; Jean Martin Moyë – fondateur de la congrégation des sœurs de la divine providence – ; Oscar Romero et, ultime pas pour « aborder » la grande lumière du bon pasteur : les sœurs et les frères des congrégations. Divers productions ont résulté du travail des classes : cartes des déplacements et de lieux « phares » ; portraits en peintures impressionnistes ; textes et poésies…

Des vidéos et des films ont été présentés aux enfants ; un Frère (Frère Bernard BAUFFE) et une Sœur (Sœur Rénia SYSKA) ont témoigné de leur vie ; une visite de communauté est prévue pour Février (communauté des Frères de Garges-Lès-Gonesse). La cérémonie de Noël a ponctué ce chemin de l’Avent (cérémonie terminée par des lumignons allumés devant la crèche et par la décoration d’un sapin avec des intentions libres de prières – de vœux – de merci(s)… inscrites par les jeunes et les adultes sur des étoiles et des cœurs en papier couleur). Durant cette belle cérémonie, des jeunes ont témoigné de « leur » Noël et nous avons pu entendre Inès, élève de 5^ème, de confession musulmane, témoigner devant tous du caractère sacré de Noël pour elle et pour sa famille.

Deux chemins donc qui, au fond, n’en sont qu’un et qui doivent nous permettre de grandir un peu en humanité… Si les jeunes que nous accueillons au Centre Oscar ROMERO ont un besoin immense et « vital » de libération(s), nous-même, adultes qui essayons de prendre un peu soin de ces jeunes, en avons tout autant besoin… Besoin de questionner chaque jour un peu plus nos postures éducatives à l’aune d’une  « miséricorde » reconnue comme première vertu exemplaire ; besoin de nous extraire des voies mortifères qui jalonnent trop souvent les « déserts » institutionnels ou personnels que nous rencontrons ; besoin de nous libérer du joug de nos servitudes, de nos « esclavages en pays d’Égypte »…

C’est en ce sens que nos chemins de Carême ou d’Avent interpellent chacun d’entre nous et nous tous ensemble : ils participent du principe même de toute école, de tout lieu d’éducation, comme lieu privilégié, « créateur »  – ou censé l’être – d’émancipation ! Bientôt, nous rentrerons avec joie et fraternellement, jeunes et adultes, dans un nouveau chemin de Carême… Qu’une fois de plus il soit source de vie… Vive jésus dans nos cœurs !

Philippe DELON